vendredi 7 septembre 2012

75 %, l'UE et le temps

Un récent article du Figaro concernant la surtaxe de 75 % sur les revenus supérieurs à 1 million d'€ vient de créer une belle polémique, à droite comme gauche, on nous parle de reculade, etc.

Or, en matière fiscale, il y a toujours : ajustements, "modalités techniques", négociations et surtout attention particulière au principe constitutionnel d'égalité fiscale. Sinon la loi, tu peux te la mettre sous le bras ou sur les oreilles à ta guise…

Ce matin, une dépèche AFP nous dit : "La promesse de créer une taxe à 75% sur les revenus dépassant un million d'euros par an, faite par le président François Hollande avant son élection, sera "strictement respectée", a déclaré vendredi à l'AFP le ministre des Finances Pierre Moscovici. 
"Toute autre interprétation est sans fondement", a-t-il ajouté, en réaction à des articles de presse selon lesquels cette contribution serait en voie d'être vidée de sa substance. "Le président de la République, François Hollande, avait pris pendant sa campagne un engagement clair et très fort sur l'imposition des très hautes rémunérations à 75%", a rappelé le ministre, expliquant vouloir faire une "mise au point". "Les modalités techniques sont en cours d'élaboration. Cet engagement du président de la République sera strictement respecté", a insisté Pierre Moscovici, précisant qu'il figurerait dans le projet de loi de finances attendu fin septembre en Conseil des ministres. Les Echos et Le Figaro avaient écrit jeudi que le gouvernement entendait édulcorer cette promesse, notamment en doublant le seuil d'imposition à deux millions d'euros pour les couples et en excluant les revenus du capital. Le journal Les Echos avait ajouté que la CSG et la CRDS seraient intégrées au taux d'imposition global de 75%, ce qui abaisserait la contribution exceptionnelle en tant que telle à 67%. "

Dont acte !

Le traité européen de stabilité dit Merkozy amendé Hollande n'est pas encore validé qu'il est déjà mis à la poubelle par la récente décision de la BCE d'intervenir directement sur la dette des états ! 
Alors, le destin des traités européens…

En fait, tout le monde navigue à vue et ce, depuis très longtemps.
Un nouveau traité se superpose aux traités anciens régulièrement comme un clou chasse l'autre depuis le début de l'UE, d'ailleurs, depuis la CECA, combien de traités hum… 

Voilà le problème du TCE, dénommer ce texte, mal foutu mais pourtant indispensable pour pouvoir gerer Mastricht à 27, de constitutionnel, était une énorme faute politique majeure (Merci Chirac !).

Quant au gouvernement Ayrault et son action, certains lui reprochent déjà son immobilisme ! Heu ! Peut-on être sérieux ? Après les mesures d'urgences de l'été, c'est maintenant que ça commence, les propositions et projets de lois vont se succéder au parlement cet automne, puis viendra la loi de finance 2013. On ne pourra commencer à parler pas avant, le reste n'est que blabla, spéculation et/ou manipulation de branloques idéologique ! 

(Tiens, j'ai écrit un billet !) 



dimanche 2 septembre 2012

Tutu et la justice !

http://www.rue89.com/2012/09/02/desmond-tutu-lhomme-qui-veut-voir-blair-et-bush-devant-la-justice-235010



Desmond Tutu avec le chanteur Bono au Cap en 2011 (RODGER BOSCH/AFP)
Desmond Tutu est l’un des hommes les plus jubilatoires qu’il m’ait été donné de rencontrer. A 82 ans, cet ancien archevêque anglican sud-africain, prix Nobel de la paix en 1984, a lancé une nouvelle croisade : il veut que Tony Blair et George W. Bush soient poursuivis en justice pour avoir déclenché la guerre d’Irak en 2003.
A l’époque de la lutte contre l’apartheid, lorsque Nelson Mandela était emprisonné à Robben Island, Desmond Tutu était de ceux qui attisaient l’esprit de résistance, un homme d’église et de foi refusant le sort fait aux Noirs de son pays.
A la fin des années 70, on pouvait le voir chaque dimanche à l’église Regina Mundi de Soweto, près de Johannesburg, manier un humour féroce dans ses sermons contre les tenants du racisme institutionnel qu’était l’apartheid. La foule débordait à l’extérieur et repartait galvanisée.
A la fin de l’apartheid, une fois Mandela premier président élu au suffrage universel, Desmond Tutu a présidé la Commission Vérité et Réconciliation, petit miracle humain qui a sans doute évité la vengeance des victimes des crimes du pouvoir blanc.
Le prix Nobel de la paix est venu en 1984 récompenser ce défenseur intraitable des droits de l’homme et de la justice. Il n’a cessé depuis, sauf lorsque sa santé l’en empêchait, de lutter et de s’exprimer dans le monde entier.

« Si des dirigeants peuvent mentir, qui doit dire la vérité ? »

Pour cette raison, je n’ai pas été surpris d’apprendre que, la semaine dernière, Desmond Tutu a refusé de participer à une conférence en Afrique du Sud à laquelle avait été invité l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, en raison du rôle de ce dernier dans la guerre d’Irak. « C’est lui ou moi », a signifié le prix Nobel aux organisateurs, qui ont refusé d’annuler l’invitation lancée à l’homme politique britannique.

Capture d’écran de l’article de Desmond Tutu dans The Observer
Il s’en explique, dimanche, dans un article publié par l’hebdomadaire The Observer, qui est un réquisitoire contre la décision de Blair et Bush de lancer la guerre d’Irak sur la base d’un mensonge sur les armes de destruction massive qu’aurait possédées Saddam Hussein, et plus généralement contre l’hypocrisie occidentale.
Desmond Tutu, qui n’est pas un révolutionnaire mais un homme de convictions qui en a trop vu, écrit dès la première phrase de son article :
« La décision immorale des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne d’envahir l’Irak en 2003, basée sur le mensonge selon lequel ce pays possédait des armes de destruction massive, a déstabilisé et polarisé le monde plus qu’aucun autre conflit dans l’histoire. »
Il ajoute :
« Si des dirigeants peuvent mentir, qui doit dire la vérité ? »
Desmond Tutu raconte qu’il a appelé Condoleezza Rice, la conseillère de George Bush pour la sécurité, quelques jours avant le déclenchement de la guerre, en 2003, pour lui demander qu’on laisse plus de temps aux inspecteurs chargés de trouver les armes de destruction massive irakiennes. Elle a refusé en disant que la situation était « trop dangereuse ».
« Selon quel critère devons nous décider que Robert Mugabe [le Président du Zimbabwe, ndlr] doit être traduit devant la justice internationale, mais que Tony Blair doit participer au circuit des conférences, que Ben Laden doit être assassiné, mais que l’Irak doit être envahi, non pas parce qu’il possède des armes de destruction massive, comme Blair, le premier supporter de Bush, a fini par l’admettre, mais pour se débarrasser de Saddam Hussein ? »

« Leadership et morale sont indivisibles »

L’ancien archevêque s’adresse à Tony Blair, fraichement converti au catholicisme et lui donne une leçon :
« Leadership et morale sont indivisibles. La question n’est pas de savoir si Saddam Hussein était bon ou mauvais, ou combien de personnes il a tuées. Je pense que Bush et Blair n’auraient jamais dû descendre à son niveau d’immoralité.
Si on juge acceptable que des décisions soient prises sur la base d’un mensonge, sans même le reconnaître ou s’excuser une fois qu’on a été découvert, que pouvons-nous enseigner à nos enfants ? »
Ce discours de Desmond Tutu s’adresse à Tony Blair mais a une portée universelle. Le prélat sud-africain, qui fait partie du groupe des Elders, ces anciens dirigeants à la retraite qui tentent de contribuer à des solutions pacifiques aux problèmes de la planète, s’adresse en fait au monde entier.