lundi 8 mars 2010

8 mars



Parce qu'avant d'avoir une identité, une personnalité, nous avons d'abord une natalité.
Il serait bon que certains se souviennent d'où ils viennent, notamment les 10% d'hommes violents.


Louange à vous, méres de tout les pays.

Mères de toute la terre. nos dames les mères, je vous salue, mères cheries, vous qui nous avez appris à faire les nœuds des lacets de nos souliers, qui nous avez appris à nous moucher, à nous gargariser, vous qui étiez sans cesse à arranger nos mèches bouclées et nos cravates pour que nous fussions jolis avant l’arrivée des visites ou avant notre depart pour l’école, vous qui sans cesse harnachiez et pomponniez vos villains nigauds petits poneys de fils dont vous étiez les bouleversantes propriétaires, vous qui n’aviez aucun dégoût de nous, vous, toujours si faibles avec nous, indulgentes qui plus tard vous laissiez si facilement embobiner et refaire par vos fils adolescents et leur donniez toutes vos economies.

Je vous salue, majestés de nos mères, vous aux yeux qui devinent, vous qui savez tout de suite si les méchants nous ont fait de la peine, vous, seuls humains en qui nous puissions avoir confiance et qui jamais, jamais ne nous trahirez, je vous salue, méres qui pensez à nous sans cesse et jusque dans vos sommeils, mères qui pardonnez toujours et carressez nos fronts, qui nous attendez, qui êtes toujours à la fenêtre pour nous regarder partir, qui nous trouvez incomparables et uniques, qui ne vous lassez jamais de nous servir et de nous couvrir et de nous border au lit même si nous avons quarante ans, qui ne aimez pas moins si nous sommes laids, ratés, avilis, faibles ou lâches.

Je vous salue, mères pleines de grâce, saintes sentinelles, courage et bonté, chaleur et regard d’amour.

Albert Cohen, Le livre de ma mère, chapitre XXIX, extrait.