samedi 12 septembre 2009

Il s'appelait Ali Ziri !

Ali Ziri, 69 ans, mort lors d’un contrôle de police : un drame qui ne passe pas
Vendredi 11/09/2009 | Posté par Aladine Zaiane

Marié, père, il avait travaillé et logé en France dans un foyer Sonacotra. De passage à Argenteuil pour y voir des amis et acheter un cadeau pour son fils qui allait se marier, il est décédé en juin entre les mains des forces de l’ordre. Rassemblement ce soir. L’enquête d’Aladine. VIDEO EN +


C’est une histoire qui a bouleversé la ville d’Argenteuil (95). On pourrait commencer ce récit par « il était une fois… », tant celui-ci prend racine dans le passé de la France, sauf qu’à la fin il n’y aura ni princes, ni princesses, ni enfants, sinon des orphelins. Ce qui s’est passé en juin de cette année nous ramène à un temps lointain, celui de la vague d’immigration des années 50 et 60 apportant une main d’œuvre bienvenue à l’époque. C’est l’histoire des primo-arrivants, censés rester peu de temps sur le territoire français, le temps d’un travail ; une fois leur mission terminée, ils repartiraient au pays. C’est aussi l’histoire des foyers Sonacotra où vivaient ces travailleurs ayant préféré laisser leur famille de l’autre côté de la Méditerranée. Tout cela, Ali Ziri l’a vécu…

Nous sommes donc en juin 2009, le 9 exactement. Ali Ziri, 69 ans, est de passage en France pour faire quelques achats pour le mariage de son fils aîné, Rachid, qui doit être célébré le 15 juillet. Arezky Kerfali, 61 ans, un ami très proche raconte leurs retrouvailles : « On s’est rencontré au centre commercial d’Argenteuil, on a mangé ensemble. Il était très content car on ne se voit qu’une fois par an. »

Les deux hommes se retrouvent autour d’un repas ; d’un certain âge, ils gardent une âme d’enfant et après toutes ces années de sacrifices, Ali Ziri profite enfin de la vie. Arezky et Ali rigolent, se régalent et boivent, se remémorant le « bon vieux temps ». « Après, on est sorti dans le centre, on a fait les magasins pour voir s’il y avait quelque chose qui intéressait Ali. » Un pantalon sera l’unique et dernier achat qu’Ali Ziri fera de son vivant.

Aux alentours de 20h30, Arezky Kerfali, qui a bien bu durant le repas, propose à Ali de le raccompagner en voiture. Ils arrivent sur le boulevard Jeanne d’Arc et c’est à ce moment que le destin bascule. Une voiture de police arrive au niveau du conducteur et lui demande de s’arrêter. Peut-être éméché, zigzaguait-il sur la route ? « La police m’a arrêté brutalement, comme des malades, en me disant "Sors de la voiture" ! » Une fois le véhicule arrêté, « ils ne m’ont demandé ni mes papiers ni rien du tout. »

Surpris par l’intervention des policiers, Arezky Kerfali leur dit : « Je vais porter plainte contre vous. » C’est alors que les trois gardiens de la paix saisissent les deux hommes. Arezky Kerfali, handicapé à 60%, est immobilisé, menotté au sol et maîtrisé. Se sentant impuissant, l’homme riposte par la parole « vous êtes des chiens de Sarkozy ». Il sortira de cette « interpellation musclée » avec un poignet fracturé, une amende de 180 euros, ainsi qu’une plainte contre lui pour outrage à agent.

Un camion en renfort arrive pour embarquer les deux hommes. Qu’en est-il d’Ali Ziri ? « Je n’ai pas bien vu, j’ai un peu perdu connaissance et mon visage était maintenu vers le sol », raconte Arezki. Quand Arezky Kerfali demande aux policiers de faire quelque chose, l’un d’eux aurait rétorqué : « On connait des vieux de 80 ans qui tuent aussi. » Arezky Kerfali passe la nuit en garde à vue jusqu’au lendemain, un mercredi. Jeudi, le commissariat le convoque et on lui apprend le décès de son ami.

Ali Ziri a vécu 50 ans en France. De 1973 à 1999, il a travaillé dans une société de transport de colis. Il logeait dans un foyer Sonacotra d'Argenteuil. Sa femme et ses quatre enfants restés au pays, il faisait la navette entre la France et l’Algérie. En 1999, « ‘ami Ali » comme ses proches l’appellent, prend sa retraite et rejoint définitivement quelques années plus tard sa famille en Grande Kabylie, ne revenant de temps en temps en France que pour voir ses amis. « Tout le monde le respectait beaucoup, c’est un brave homme », commente Nasser Kefid, un membre de sa « famille éloignée »

Il est probable qu’Ali Ziri, âgé de 69 ans, n’ait pas supporté le contrôle pour le moins rugueux qu’il a pu subir. « Mr Ziri, je le connaissais très bien, il était en bonne santé, il avait uniquement un petit souci au pied, c’est tout ! » affirme Nasser.

Des problèmes cardiaques associés à un fort taux d’alcoolémie seraient à l’origine du décès d’Ali Ziri : telle est la conclusion du rapport de la première expertise. La contre-expertise demandée par la famille apporte d’autres éléments : la présence d’hématomes à de multiples endroits du corps avec des coups au niveau du côté droit du thorax qui ont pu endommager cette partie du poumon ainsi que dans le bas du dos, ce qui a causé des séquelles. Le rapport de contre-expertise conclut à une « mort par anoxie probable, dans un contexte multifactoriel » : un manque d’oxygène dû à des voies respiratoires obstruées.

L’alcool peut-il être le facteur premier du décès ? Interrogée, une infirmière de l’hôpital Rothschild (Paris 12e) nous explique que l’alcool, « dans ce cas précis », ne peut pas être le facteur premier du décès. Surtout « pour l’asphyxie de type mécanique qui n’apparaît pas toute seule, il y a un élément qui est intervenu de l’extérieur. Et pour les coups reçus au niveau du thorax, ça a pu comprimer le poumon, qu’une côte a peut-être même perforé. »

A cela, il faut ajouter que le médecin n’a pu voir le corps d’Ali Ziri « que 40 minutes après son arrivée au commissariat. Il a constaté que le cerveau de Mr Ziri ne fonctionnait plus », nous rapporte Mohamed Nemri, coordinateur de l’ATMF (Association des travailleurs maghrébins de France) et membre du collectif « Vérité et justice pour Ali Ziri ».

Mohamed Nemri expose un autre élément troublant dans cette affaire. Il a accompagné Arezky Kerfali pour aller porter plainte à la gendarmerie – et non au commissariat, car ce lui-ci craignait d’y revoir les policiers qui l’avaient arrêté avec son ami. Le gendarme qui les reçoit leur aurait dit : « Compte tenu de la nouvelle administration territoriale, cela ne relève pas de la compétence de la gendarmerie mais du commissariat. »

Ils décident alors de faire leur dépôt de plainte au commissariat de Bezons. Alors qu’ils expliquent leur cas, « la policière appelle son supérieur ». Celui-ci connaissait semble-t-il déjà l’identité d’Arezky Kerfali : « Il l’a appelé directement par son nom, alors qu’il ne l’avait jamais vu », rapporte Mohamed Nemri. Le « supérieur » explique qu’il ne peut pas prendre en compte la plainte, car « ce sont nos collègues qui sont impliqués dans cette histoire ». Finalement, c’est l’avocat, Me Skander Sami, qui a porté plainte au nom d’Arezky Kerfali.

« Dans cette affaire, ajoute Mohamed Nemri, nous avons rencontré du mépris de la part de l’Etat, les autorités ont fait un calcul bidon ! Un retraité algérien revenu en France voir ses amis pour quelques jours, bon il y a eu ce qu’il y a eu, on va étouffer l’affaire, se sont-ils dit, le corps sera rapatrié et on n’en parle plus circulez y’a rien à voir ! » L’affaire a dès ce soir, vendredi, un premier prolongement, avec un rassemblement prévu à 18h30 sur la grande dalle d’Argenteuil, en présence d’autres victimes de violences policières afin d’exiger justice. Le procès d’Arezky Kerfali pour outrage à agent se tiendra le 17 septembre à Pontoise. Les trois policiers impliqués dans cette affaire sont toujours en fonction.

Aladine Zaiane (texte et vidéo)


L'affaire Ali Ziri:mort après un contrôle de police
envoyé par Bondy_Blog. - L'info internationale vidéo.





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La vidéo qui ne veut pas est la ! ==> http://www.dailymotion.com/video/x9nuff_ali-ziri-mort-sous-les-coups-des-po_news

4 commentaires:

jeandelaxr a dit…

Merdum, Y'a unz vidéo qui passe pas ! Shit !

jeandelaxr a dit…

le code
http://www.dailymotion.com/video/x9nuff_ali-ziri-mort-sous-les-coups-des-po_news

des pas perdus a dit…

ça vaut tout un discours... Hélas, les choses semblent se dégrader... et la police devenir une force de répression et de désordre au-dessus des lois.

NicMo a dit…

"Tant qu'il n'y en a qu'un, ça va... c'est quand il y en a beaucoup que ça pose des problèmes"

A partir du moment où le ministre tient ces propos, pourquoi la police n'en ferait-elle pas autant avec les bavures ?