" Myriam : — Ben oui, cher monsieur, je suis en effet d’une toute autre génération que vous… Une génération qu’on a affublée du nom d’un personnage qui a réussi à faire oublier toutes ses casseroles pétainistes pour se faire passer pour un prince florentin émule de Machiavel. Nos parents ont cru être gouvernés par un Médicis, mais en fait c’est un arlequin qui les a le plus influencés. Je dis Arlequin mais je devrai dire « Paillasse » car le comique gros et gras dont ils ont aujourd’hui encore la nostalgie ressemble plutôt à un cocu ventru qu’à un agile escamoteur… Et pourtant, ce mec là les a tous planté! Qu’est ce qu’ils lui ont donc trouvé, à ce mec dont il oubliait la vulgarité simplement parce que c’était le premier à venir de l’autre côté du périphérique parisien. Ils acceptaient, plus encore ils prisaient et je le crois, hélas, sincèrement ses histoires grasses et racistes, parce qu’il les racontait simplement, comme sans en avoir l’air. Après toutes les années de plomb qui succédaient à votre soixante-huit, comme il était bon de s’affranchir de la honte de ce rire trop gras qu’il provoquait, sous prétexte que, justement « C’était pour rire » Et on riait sans prendre garde que l’on partageait ces propos avec les pires ennemis de la démocratie, et ce qui était dit était dit. : Il avait beau jeu d’entourer ses propos, dont beaucoup étaient pires que poujadistes, de ses propres rondeurs, parce que le « tous pourris » de l’extrême droite d’avant la seconde guerre mondiale tombait à pic au moment où le plus mauvais exemple venait de la plus haute fonction politique. Et type là, mes parents l’ont choyé, ils l’ont comme nourri de leurs propres contradictions. En lui donnant une place qu’il ne méritait pas, cette génération aussi, s’est faite avoir.
Les journalistes frustrés par des décennies de la censure ont aidé les politiques les plus retors à créer cette image fausse d’une « France d’en bas » qui n’aurait aucune éducation civique, ne verrait jamais que sa propre misère et ne parviendrait pas à se débrouiller seule. Ce qui est advenu ensuite est plus lamentable encore : En créant ces fameux « restaurants » votre bonhomme a posé sur toute la société française une soupape de sécurité. A partir de lui, la classe dominante peut dormir tranquille : La cocotte-minute sociale peut bouillir et rebouillir : Elle n’explosera pas. Naturellement la gauche française, comme elle le fait toujours quand il s’agit de phénomènes de société s’est crue obligée de renchérir en obéissant aux critères surannés dont elle n’a jamais su se défaire : Elle a crée sur le même schéma, et avec au fond le même mépris pour « les petits » ce « revenu minimal » en effet, dans ses gènes comme dans ses effets.
Une fois la soupape installée, on peut bien « libéraliser » l’information, lever la censure sous sa forme la plus stricto sensu, et qu’importe alors que « tout » soit dit et n’importe quoi. Le pouvoir d’aujourd’hui nous crie à longueur de journée : « on vous dit tout, messieurs dames, on ne vous cache rien et chez nous les bouffons sont rois : Non mieux que çà : Ils peuvent devenir rois ! Après lui il a été question d’un acteur, puis un président a épousé une chanteuse, invité un comique à l’accompagner chez le pape et son opposante provinciale joue les animatrices de concert de rock ! Et le pire de tout c’est que vous semblez considérer cela comme une avancée de la démocratie. Comme si la démocratie dont vous vous réclamez tant n’était pas née sur l’agora d’Athènes, une belle allée ombragée d’arbres, une promenade délicieusement agencée mais que seule arpentait « l’élite » et pas le peuple pour lequel, excusez-moi du jeu de mot facile, la démocratie n’était que du latin ! Les grandes idées de la Révolution française ne sont pas nées dans le ruisseau d’égout qui partageait en deux les rues de Paris, mais dans des salons dorés. En sont-elles caduques pour autant ? Ne sont-ce pas les puissants qui, de Platon à Voltaire ont protégé les philosophes ? Je sais, c’est un raisonnement élitiste, mais je l’assume. Sans doute, mais avec la volonté de croire que c’est seulement quand les forts se mettent à penser aux faibles que les sociétés avancent. Que cette réflexion se produise ou non sous une pression quelconque. C’est en s’interrogeant eux-mêmes sur leurs propres tares qu’ils offrent au monde la chance d’être meilleur. Cela c’est déjà produit, et cela se reproduira encore, j’en suis sur, quand l’occasion dramatique se présentera. Krach boursier, guerre atomique ou non, famines, les trois à la fois que sais-je… Mais au contraire de vous je suis persuadée que plus l’humanité avance, plus elle a de chance de survivre à sa propre folie… Alors bonsoir… "
Ce texte n'est pas de moi, c'est un extrait d'une pièce de théâtre intitulée : "En marge", son auteur en est aussi le metteur en scène, il se nomme Jacques-Yves Henry et me demande, je cite : " F
Mon petit doigt me dit que cette personne pourrait bien être un célèbre blogueur lyonnais élu dans le 7e ! ;O)
Cette pièce se joue actuellement au Carré 30 où elle est vachement bien éclairée et sonorisée par votre serviteur. Plus de renseignements
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